Je rejoint Flo qui boit un coup avec Bakartxo et Manu, deux de nos colocs.
Nous mangeons un bout à la terrasse du Bolsi*. Je me jette sur un Gigantesque hamburger.
Parfois on peut voir de longue processions de voiture diplomatiques bordée de motos de police.
Les militaires dont les fusils dépassent des fenêtres des véhicules nous laissent imaginé l'importance du "gratin" présent a l'intérieur. En effet la liste d'invités est prestigieuse: les Présidents Luiz Inacio Da Silva, du Brésil ; Cristina Kirchner, de l'Argentine ; Tabaré Vazquez, de l'Uruguay ;Michelle Bachelet, du Chili, Hugo Chavez, du Venezuela ; Evo Morales, de la Bolivie ; Daniel Ortega, du Nicaragua ; Martin Torrijos, de Panama et Jose Zelaya, du Honduras ont pris part à la cérémonie d'investiture.
Nous en profitons pour assister a la fête tenue devant le palais présidentiel. L'entrée est libre mais on passe quand même par un portail pour la détection de métaux. Devant, les vendeurs de beignets/chipa/boisson/milanesa/brochettes sont présents, comme toujours. Alignez au bord de la route ils alpaguent le client. La plupart viennent des bidons-villes situés tout autour du palais. Certains ont même profité de l'occasion pour louer leurs toilettes!
Une grande scène a été montée ou les artistes de toute l'Amérique Latine se succèdent. Ils y ont mis les moyens.
La musique est sympa (edit Flo: une sélection musicale parfaite!), l'ambiance est bonne et les gens à fond. Cela dit les paraguayens à la fête sont plutôt cool, disons que c'est pas des agités.
Chavez est resté pour la soirée et à amené de nombreux artistes avec lui. Chacun font la promo du Vénézuela et de leur "Presidente Gerneral Hugo Chavez" si bien que le concert semble plus dédié au Vénézuela qu'au président Lugo. Dans le grand échiquier politique, chacun avance ses pions...
Nous faisons un petit détour pour une autre fête, au théâtre municipal. Au programme: danses folkloriques. L'ambiance change du tout au tout, c'est plus guindé et autant le dire, nettement moins la fête. Les danses sont de l'époque colonial avec un air de fanfare militaire...
*Bolsi: Restaurant célèbre à Asuncion. On y mange très bien pour pas trop chère, le meilleur de la cuisine local! On y croise les cadre dynamiques a leurs poses comme les mémé qui boivent leur bière, parfois même les musiciens de l'orchestres d'Asuncion encore en tenue.Petit traité sur la politique au Paraguay:
Pas de prétention pour une petite explication de la situation politique paraguayenne. Celle-çi, nous en sommes sûres, vous permettra de mieux comprendre l'importance d'un événement tel que celui qui vient d'arriver au Paraguay.
Tout d'abord un peu d'histoire. Les Européens arrivent dans la région au 16ème siècle. De part sa position géographique la zone à donc longtemps été préservée et a assez peu subit les guerres de colonisation et de contrôle des territoires.
Vient ensuite l'indépendance avec Gaspard Rodriguez de Francia. Premier dictateur du pays, premières politiques isolationnistes vers 1840.
Les successeurs sont tous aussi despotique mais semble assez éclairé pour donner une réel force au pays: alphabétisation, puissance économique et politique. Le Paraguay fait alors le double de sa taille actuelle et est l'une des plus grande puissance de l'Amérique du Sud.
Puis vient Francisco Solano Lopez, avec un petit coté napoléonien qui déclencha la "Guerre de la triple alliance" du nom de ses trois ennemis coalisés, l'Argentine, le Brésil et l'Uruguay en 1870.
C'est un échec total pour le Paraguay qui se retrouve amputé de plus de la moitié de sa population. L'Homme est devenu si rare dans le pays que la polygamie est acceptée.
Le pays se remet difficilement. Puis une nouvelle guerre en 1932, la "Guerre du Chaco". La Bolivie attaque le Paraguay qui cette fois ci est victorieux, mais de nouveaux affaibli (plus de 150000morts de chaque cotés). On raconte que la raison de cette guerre aurait été des soupçon concernant la présence de pétrole dans la zone du Chaco paraguayen véhiculé par les Etats-Unis. Apres la guerre du pétrole a été trouvé... mais du coté bolivien...
S'en suit une grande période d'instabilité politique et de guerre civile d'où sort un nouveaux dictateur: Alfredo Stroessner en 1954.
Stroessner a commandité au moins un millier d'assassinats et de disparitions et deux millions de Paraguayens (environ le tiers de la population) choisissent l'exil pour des raisons politiques ou économiques sous son régime.
Il participe activement a l' "Opération Condor" qui vise à éliminer des opposants aux régimes dictatoriaux en Amérique du Sud soutenu par les USA.
Fan de l'Allemagne Nazi, il recueille de nombreux criminels de guerre du 3eme Reich déchu.
En gros celui-ci suit la mouvance bien Fasciste a la mode a l'époque et la Paraguay vie une des dictatures les plus sévère d'Amérique Latine jusqu'en 1989 où il est déchu*.
Son parti: le "Parti COLORADO" gardera cependant les rênes du pouvoir grâce au clientélisme et a la corruption présentes à tout les étages de l'administration.
L'élection de Fernando LUGO et son parti l' "Alliance Patriotique pour le Changement" (APC) met donc fin à plus de 60 ans de dictature politique du parti Colorado.
LUGO est un ancien évêque de tendance de gauche.
Pour gagner il a du s'allier au libéraux et créer une alliance assez puissante pour contrer la machine électoral bien rodée du parti Colorado (comme les fonctionnaires sont encore majoritairement des anciens de la dictature: bourrage d'urnes, contrôles des inscription etc,etc....).
Cependant il doit faire encore face a la puissance administrative et politique du parti de l'ex-dictateur* et aux luttes intestines résultantes de l'alliance socialistes/libéraux ce qui ne le place pas dans une position facile pour la suite.

Les défis ne manquent pas: écart riche/pauvres, problèmes des paysans sans terre, corruption, éducation, pression des "super-puissances" économique des pays voisin (Argentine et Brésil)...
On souhaite quand même un bon mandat (5 ans) au premier président de gauche du Paraguay.
Et comme ils disent dans le clip de campagne:
"LUGO TIENE CORAZON, ploumploumploum..."
*Le dictateur mourra bien tranquille, réfugié politique au Brésil en 2006. Espérons que sa pneumonie lui fut quand même bien longe et douloureuse.
*Un très bon exemple: L'ancien président Óscar NICANOR Duarte Frutos, omniprésent dans l'ombre de la candidate Colorado Berta BLANCA. Bien que soupçonné de nombreuses malversations, il a été élu sénateur, sans le quorum (nbr de voix requises) légal et avec la bénédiction du président du Sénat, Lino OVIEDO. Trois semaines après la prise de fonction de Lugo, les deux "parrains" ont même été accusés de fomenter un coup d'Etat avec l'appui des "Fuerzas Armadas"...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire