mercredi 27 mai 2009

Mi Buenos Aires Querido*

Publicité dans les rues de Bs. As.

Comme dans la plupart des pays du monde, quand on va à la capitale, on rentre dans une autre dimension...
Buenos Aires a des airs d'Europe, dans l'architecture comme dans la population; fille d'immigrants du vieux continent.
D'ailleurs ici, on vous parle Français comme si de rien n'était!


C'est au 13ème étage dans le F1 de Chacho sur l'Avenida Libertador que je passe une dernière petite semaine avec monmon qui va prendre l'avion.

Maman et Chacho avec de bons produits du terroir argentin: noix confites et Champagne! Enfin "vino espumante" vu l'appellation contrôlée...

La ciudad autónoma de Buenos Aires c'est 3 000 000 d'habitants permanents et 13 000 000 de personnes qui y fourmillent chaque jour...
Et pour tenter de rendre le traffic plus fluide, les rues changent de sens suivant les heures de la journée.

Mais surtout, Buenos Aires c'est le Tango. Et on ne peut pas passer à côté!

Pour commencer, choisir de bonnes chaussures...

Puis, prendre des cours...

et enfin pratiquer pendant les milongas*, y'a que ça qui fait progresser!

Partout, dans les rues, ou dans les bars de "la Boca" les talons résonnent sur les rythmes du bandonéon.

Mais loin des projecteurs, la culture alternative, elle, se bat pour prendre racine...

Comme ici, sur des terres en friche au coeur de la cité universitaire, des étudiants ont élu domicile et donné vie à un espace autogéré: la Aldea Velatropa. On agit pour le développement durable, pour se reconnecter avec la Pacha Mama* et recréer du lien social.
Du potager à la construction de yourt en passant par l'atelier de théâtre chamanique, le panel est assez complet!

Si la Aldea resiste aux menaces de délogement/fermeture des lieux par le gouvernement de Mr. Macri (voire Macro, on en est pas loin!), la Huerta Orgázmica fut, elle, carrément détruite à 5h du matin le 18 mai dernier, par une intervention armée, et illégale, de la police...


Heureusement que dans la capitale des grands noms de la musique se produisent, ce qui nous réconcilie avec la nature humaine...
Quand George Clinton (frère spirituel de James Brown) se produit, c'est environ 3H30 de fiesta funky et une vintaine de personnes sur scène... D'la balle!

George Clinton c'est le M. aux rastas multicolores!


Bref, Buenos Aires c'est bien....
....sauf quand il s'agit de payer.
Les commerçants vous supplient à chaque fois de leur donner le bon compte car ici personne n'a de monnaie et vous rend des caramelitos (bonbons).

Il semblerait que la demande de pièce soit si forte (indispensables pour se payer son ticket de bus ou de métro émis uniquement par des machines) que le buisness autour de la revente de monnaie fasse d'excellentes recettes... appauvrissant de même, la présence de cette dernière.
Y'avait qu'à y penser!

Et comme de tout se fait commerce, même les ONGs et Fondations porteñas* ont décidé de monayer leur offres de volontariat et soutirent de l'argent aux gringos* qui veulent partir en mission dans un pays en voie de développement... Manquait plus que ça!

Et bien puisque c'est comme ça, je retourne dans mon nord-ouest argentin où l'ONG avec qui j'ai décidé de travailler m'accueille les bras grands ouverts et sans demander son dû.

Buenos Aires à la nuit tombée, sa fleur s'est refermée...

*Mi Buenos Aires Querido: Tango réputé de Carlos Gardel, icône du Tango argentin.
* Porteño/as : de Buenos Aires (parce qu'il y a un port)
* Gringos: Contrairement à ce que l'on croyait avant de venir en Amérique du Sud, le gringo ne désigne pas (ou plus?) une personne venant d'Amérique du Nord, mais l'occidental blanc.
*Milongas: désigne à la fois un rythme musical (aparenté au Tango et au Candombe de l'Uruguay) et aux endroits où les gens se réunissent pour danser le Tango.
*Pacha Mama: En Aymara et Quechua signifie la Terre Mère, grande déesse des peuples amérindiens des Andes. A Amaicha (nord ouest argentin), la Pacha Mama est même personnifiée et incarnée par la doyenne du village!

mercredi 20 mai 2009

Pas seul.

Je déscends de mon bus, tout crevé que je suis par mes récentes mésaventures (voir: Tout au Nord). Il me reste encore beaucoup de kilomètre a faire pour retourner au Sud...
Un vieux m'aborde, persuadé que je suis Chilien (il faut dire que j'ai bien pris le look!), et déblaterre sur le "gringo" a côté.
Mon voisin est en effet grand, blond, a la peau bien blanche et aux yeux bleus... lui, c'est sûr, il ne passera jamais a " trav' ". Et à entendre son accent, pas de doute il est francais!

Alain voyage aussi en Amérique du Sud depuis des lustres. Je lui fais découvrir le peu que je connais d'Arica, on discute... C'est fou comme on se rapproche plus vite de ses compatriotes à 10.000 km de chez soi!

Alain a rencontré un Chilienne qu'il est venu rejoindre, ils partent ensemble a Iquique avec une voiture louée. Le skouateur que je suis jamais ne laisserais passer une occasion pareille "Il reste une place?"

C'est parti pour 3 jours de totale découverte du "Norte Grande". A fond le 4x4*.

Premier arrêt: les plateaux d'Arica hostiles et arrides, des paysages dignes de Mars. C'est ici, selon les indiens, que résidaient les portes pour les autres dimensions du monde. Et on comprend pourquoi...

Nous continuons la route jusqu'à Pisagua. Le port a connu ses heures de gloires a l'époque du Salitre, aujourd'hui c'est une ville fantôme de 300 habitants.
C'est ici que je commence a toucher a la véritable âme des côtes du nord. Ces paysages sauvages et ravagés, au tailles inhumaines ou l'homme a cherché le succés et en a payé le prix.
Nous passons deux nuits dans les ruines d'une époque.

Pisagua 1890
Pisagua 2009
Le petit port de pêche, principale ressource du village.
Un peu plus loin, le cimetière abandonné. Nombreuses tombes sont aux noms des Anglais et Chinois qui occupaient la zone à la grande époque du salpêtre.
Nous partons au long des côtes, et tombons sur les nombreuses traces de vie des anciens occupants, des plus anciens aux plus récents, dans un paysage martien et disproportionné.

Paysages martiens...
Paysages disproportionnés...
C'est ici, entre les roches coupantes de la côte et sous le soleil brûlant que travaillaient plusieurs centaines d'esclaves chinois, amené par les puissants propriétaires anglais. On y extrayait le guano. Le caca d'oiseaux s'acumule en effet durant des milléaire sur les côtes, jusqu'a formé des couches de plusieurs mêtres d'épaisseur. Les propriètés du guano son nombreuses, c'est par exemple un excellent engrais. Avec l'arrivé des engrais chimiques, son exploitation est complètement tombée en désuétude.
Pas loin, les loups de mers vivent en paix enfin débarasés de l'activitée humaine. Ils profitent, commes les nombreux oiseaux, de l'abondance de poissons et du faible nombre de prédateurs.
Nous tombons sur une gigantesque colonie qui s'amuse dans les vagues et les piscines naturelles...
Malheureusemt notre arrivée ne passe pas inapercue!


Nous continuons notre route le long des déserts d'Atacama et de ses géogliphes. En route pour Yellow Stone, la mine fantôme...












Le Géant d'Atacama, un des plus grand géogliphes du monde, on ne sait pas encore exactement ce que représente cet humanoide de 115mètres.



Plus bas dans la vallée, une autre grande relique de l'age d'or du salpêtre,
Humberstone, ancienne mine de salpêtre qui vous transporte 100 ans en arrière.
Plus de 300 habitations, un complexe minier et administratif abandonné, avec piscine, cinéma, marché...
Ce qui était une "ville modèle" est aujourd'hui balayée par les vents et rongé par la rouille, figée dans le temps.
La rouille, partout.Nous naviguons dans les vestiges . Un reste de pancarte, un poster noir et blanc d'une Pin-Up, un graphophone abandonné se font l'écho des vies passées.

Voilà, il manque quelques kilomètres jusqu'à Iquique. Je guide mes hôtes dans la ville pour les laisser enfin vivre leur rencontre en paix :D

Me voilà de retour dans la plus grande station balnéaire du Chili, pour plus de temps que je ne le pensais...

*A fond le 4.4: de quoi me faire griller auprès de la moitié de mes potes... oui l'Amérique Latine mérite d'avoir son propre moyen de locomotion. Les coins perdus ne sont pas du tout déservis, les routes sont pourries, etc... voilà, j'assume, et si c'était à refaire, j'achèterais une moto/camionette/tracteur dés le début de mon voyage. Pardon mère nature, j'irai planter des arbres comme Yann Arthus Bertrand.





L'abum Pas seul

mercredi 6 mai 2009

Tout au nord.

Les français sont bien vus en Amérique du Sud.
Toujours cette idée du glamour. Ou peut-être est-ce la "non-colonisation" du continent? Ou des interventions militaro-politique plus discrète que les Etats-Uniens?

Toujours est-il qu'être Français, c'est être classe, glamour, ne pas se laver, avoir le visa 3 mois gratuit et surtout avoir du fric. C'est ainsi que ma chère soeur (pardon Justine) c'est retrouvée mariée a un camioneur chilien sur les routes sinueuses pour la Bolivie.

Tout a commencer par un tampon a renouveler et oui on a 3 mois gratuit, mais pas plus.
Il a donc fallu sortir du territoire. Putre est pas loin de la Bolivie et jolie. C'est parti.
Sur le chemin un camionneur me prend en stop...

Je pars avec lui vers l'altiplano... l'aventure commence...

Mon camionneur... gras du bide et de l'esprit.... il repère vite mon accent et tente de négocier le prix fort pour le transport. Je lui parle de ma famille et il décide de se marier avec ma soeur. Un homme "pesado" comme on dit ici.
Après avoir roulé toute la nuit nous dormons au poste frontière.
Dans l'camion...


Des dizaines de camions attendent l'ouverture de la frontière Bolivie/Chili.
Leur route: plus de 12h de pistes sinueuses
venant des ports Péruviens jusqu'à l'altiplano Bolivien, à 4000m d'altitude.
Centre de tris de Visviri- Bolivie. Bal incessant de cartons de toutes tailles au milieu du vrombissement des camions. Je suis fatigué (les couchettes des camions ne sont pas si agréables) j'ai le mal de l'altitude, tout le monde me regarde comme un extraterrestre...


Notre camion!
Ça chôme pas à Visviri, les "obreros" travaillent sans discontinue, comme une colonie de fourmis grises, sous la poussière et le soleil de plomb bolivien.

Les enfants, déchargent les camions pour 10 bolivianos (2€)Ça y est, je suis tamponné du passeport, il y a plus qu'à repartir avec le cuñado culiado. Aprés avoir erré des heures dans l'administration du site. Je peux enfin voir le paysage que nous avons traversé hier. Au loin de dessine le volcan Parinacota.
Je lâche mon camionneur dans un petit (+/-10 habitants) village de montagne. Le coin est magnifique. Je rencontre les fameuses églises de la région. Plus de 300 ans d'histoire et un drôle de mélange hispano-indigène. Le Parc national Lauca est une ancienne Réserve Mondiale de la Biosphère. La zone abrite la vie sous de nombreuse formes. Vigognes, viscaches ou guanacos, cachés entre les pierres et le marais...
Un troupeau d'alpaca, relask', prés du village.Les Viscaches, déjà croisé au Machu Pichu. Des vicuña. J'ai vraiment eu de la chance sur cette photo, car l'animal est très très peureux et dure a approcher.Voilà, j'ai peu dormi et le mal de l'altitude me tape le crâne. Pas de regrets après cet excellent trip altiplanique qui m'a rapelé mon excellent séjour en Bolivie (j'ai même hésité à refaire un tour à La Paz pour tout vous dire!). En descendant du bus, je rencontre un compatriote en éxil. Commence une autre histoire!


Album Jusqu'au nord

vendredi 1 mai 2009

Des Lyonnais chez les Kollas*


Après Gisou et Lolo, se sont
Emma et Ludo qui se sont prêtés au jeu de l'aventure sudaméricaine! Je les retrouve à Purmamarca (Provincia de Jujuy, Nord Ouest argentin) après m'être éloignée une seconde fois de Pilou depuis Arica.

Bref, de San Pedro de Atacama à Purmamarca la route transandine frontalière qui relie le nord du Chili au Nord de l'Argentine est une merveille : avant de passer el Paso de Jama*, à quelques 4200 m d'altitude, nous longeons le désert et ses sommets enneigés, volcans, et déjà les prémices de cette terre argileuse colorée, marque de fabrique des montagnes du Nord Ouest argentin...

A Purmamarca nous sommes on ne peut mieux accueillis par Mama Coca qui, du haut de ses 70 ans, tient toujours sa clope avec distinction!

Le lendemain, petite balade pour voir d'en face comme c'est joli!

Puis petit tour vers les Salinas Grandes où on s'est bien amusés!

Spéciale dédicace à Emma qui a tenu à ce qu'apparaisse cette photo!

C'est plus petit que le Salar de Uyuni mais tout aussi joli!
Ici nous avons eu un petit aperçu du travail du sel...Pendant que les tracteurs râclent le plateau de sel cristalisé, les ouvriers passent la journée à extraire à la pelle le sel des piscines faites pour accélerer l'évaporation de l'eau (et donc la précipitation du sel...).
Sale boulot pour ces ouvriers Kollas* sous ce soleil de plomb, à quelques 3600 m d'altitude ce qui a de quoi irriter l'humeur d'autant plus quand nous leur demandons si nous pouvons prendre une photo...
Les jours suivants nous décidons de suivre le soleil* et tirons donc plus vers le Nord. Nous ne sommes qu'a 75 km de la Bolivie. Mais c'est la Laguna de los Pozuelos qui attire notre attention. Dans ce parc national nous sommes en pleine Puna* seca.

Ici il fait très chaud la journée (au max 40) et très froid le soir (au max -25), un écart termique qui peut atteindre à ses extrêmes 75 degrès..., les vicuñas* gambadent dans tous les sens, les 26 communautés d'indiens élèvent moutons et chèvres et il y a 21 écoles.

La Laguna il faut la mériter... c'est après 2 heures de marche à 3600 m d'altitude et sous un soleil ardent que nous tombons sur ce joyaux de 15000 hectares, paradis des flamants roses et autres quarantaine d'espèces d'oiseaux..

Vous remercierez Ludo pour ces belles photos de zanimaux. Sa vocation cachée : reporter animalier!

2h aussi parce que en chemin les activités de la vie de campo ont attirés toute notre attention.

Faisandage maison et peau de mouton

Contents d'avoir bien marché et d'attendre aussi peu le prochain bus pour Abra Pampa, la ville la plus proche, à une heure de route. Ici encore la route entre les cordons montagneux est espectacular!

A Abra Pampa on n'a manifestement pas l'habitude de voir des touristes et des fois nous avons l'impression de gêner... le problème environnemental provoqué par la dispersion de particules de plomb provenant des mines voisines ne rend pas l'ambiance plus joyeuse...

Comme à Arica (voir article précedent) les pop-corn énormes et multicolores, les nattes et chapeaux des femmes et les tissus colorés nous rappellent que nous ne sommes pas loin de la Bolivie. Nous goûtons à des mets exquis comme le api, soupe de maïs violet (choclo moreno) avec de la canelle et autres ingrédients secrets!

Un peu sonnés par l'altitude, nous préférons redescendre à Humahuaca dans la Quebrada (petit canyon) éponyme.La ville fut au XIX siècle un des plus important centre commercial colonial située sur le chemin pour el Alto Peru (aujourd'hui la Bolivie). Nous flânons dans ces rues étroites aux maisons d'adobe et pavées de pierres multicolores .Visitons le monument aux héros de l'indépendance (1816)...

...et dansons sur de la cumbia à une fête des 15 ans*!

Mais nos chemins se séparent déjà et nous avons la larme à l'oeil... Emma et Ludo continuent leur route vers Cordoba pendant que je redescends sur Tucumán histoire de me poser un peu après 4 mois de voyage et reprendre une activité professionnelle (presque)normale.

Gracias compañeros por haber venido aquí!
Ce fut un plaisir de partager ces moments avec vous et j'attends les prochains avec impatience!

A bon entendeur,
Ciao!


- Kollas : Peuple indien du nord du Chili et du nord ouest de L'Argentine.
- Paso de Jama : col frontalier entre le Chili et l'Argentine. Assez important car permet un traffic fluide entre le nord des 2 pays et constitue un secteur stratégique du corridor biocéanique reliant les ports du Pacifique et de l'Atlantique.

- Puna seca : type d'écosystème néotropical de la cordillère des Andes. La puna seca est une grande région qui s'étend au sud du lac Titicaca sur le Chili, le Pérou et L'Argentine regroupant les terres ayant une altitude oscillant entre 3500 et 4800 m,
de basse pression atmosphérique et de climat froid.

- Le soleil dans l'hémisphère sud indique... le Nord! Merci Ludo pour cette découverte cosmique!

- Vicuñas : cousines des lamas avec des airs de gazelles, le pelage brun et plus raz et le nez plus petit aussi.

- Fiesta de los 15 años : en Amérique Latine la fête des 15 ans symbolise le passage de la vie de jeune fille à celle de femme...