lundi 10 novembre 2008

Au Pays des Incas - II: Le Coeur des Andes

Cusco, capitale des Incas

L'aeroplane traverse les Andes, la vue est magnifique. Les plateaux succèdent aux monts enneigés.
La vitre doit encore portée la marque de bouche entrouverte de mon visage hébété.

Arrivée à Cusco*
Douce musique d'un groupe folklorique.
En vrai-faux habits traditionnels ils accueillent les touristes, posté près du tapis roulant des bagages... première rencontre avec la face obscur du tourisme péruvien.

Une femme vient nous chercher (voir l'épisode I) et nous mène dans un hôtel des quartiers populaires.
Un maté* de coca et une bonne sieste ne sont pas de trop pour éviter le mal d'altitude causé par les quelques 3000 m de différence entre Lima et Cuzco.

Située sur un plateau Andin a 3400m d'altitude, entourée de montagnes, la ville est le berceau de la civilisation Inca qui domina la région de 1450 à l'arrivée des Espagnols vers 1520.
Les murs en gardent encore la trace indélébile et les architectures coloniales se mêlent à celles des antiques Incas. D'énormes pierres parfaitement ajustées et polisées, assemblées sans ciment... une virtuosité de la civilisation perdue.


Au cœur de la citée se trouve la Plaza de Armas, sans doute la plus belle de toute.
Elle est entourée d'églises coloniales aux pierres rouges et imposantes. Les travailleurs locaux leurs ont données des décorations au allures de plantes exotiques, unique en leur genre.
Les nefs sont ornée de Jésus, Marie et Saints en or massif, provenant de la fonte des trésors Incas.

La place est aussi la plus fréquentée par les visiteurs.
Le ballet des casquettes colorées et des lunettes de soleil se fait sous les interpellations incessantes des rabatteurs, pour manger dans tel resto ou acheter tel l'artisanat.
Tout autour ronronnent les cars climatisés.

Nous n'échappons pas a la règle,
Une jeune femme vient nous proposer ses produits.
Ici de splendides calabasses gravées.
Flo: "C'est toi qui les travaille les calabasses ?"
Elle: "Ah, non! C'est mon père qui a appris ça de son père. Nous, les femmes, nous sommes dédiées à la vente... et à élever les enfants."
Il est vrai que rare sont les hommes travaillant ainsi. Dans les magasins, il en est autrement...

Le travail demande du temps, de la finesse et et de la précision.
Nous admirons sa marchandise...
Un groupe de policier approche, et commence a roder autour de nous.
La fille devient nerveuse. Regard en coin, ordre du Policier, nous nous éloignons tous les 3.

Elle explique :
"Depuis quelques temps nous n'avons pas vraiment le droit de vendre notre artisanat aux touristes car certains se font arnaquer...
Aussi, des enfants qui ont eu peur de rentrer chez eux bredouilles, ce qui signifie pour certains une sévère punition par des parents abusant du pisco, mettaient carément la main dans le sac.
Depuis, la police du tourisme rôde constamment et nous impose des prix de vente très bas. Ca devient compliqué pour nous de vendre notre artisanat dans la rue. En plus il faut vendre beaucoup pour que ça rapporte vu le prix des articles..."

(Les prix sont dérisoires et certains n'hésitent pas à faire de bonnes réducs. Il ne serait pas étonnant que quelques uns vendent à perte...).

"L'argent du tourisme ne profite pas aux petits vendeurs et le gouvernement ne le réinjecte pas au profit de la population : il faudrait rénover et construire d'autres écoles, agir pour la pauvreté, la santé tout ça..."
En effet, seul les tour operateurs, les restos et les shopping du centre (il y a un McDo a Cuzco...) semble jouir pleinement des ressources touristiques. Autour, il n'en est rien.

Ouf, on se dit qu'au moins non sortirons de ce système. Pour la Vallée Sacrée, la femme qui nous a accueillie nous a trouvé un bon plan: visite avec un guide du coin et sa voiture pour pas trop chère, avec en plus le repas du midi compris!...
Non pas LE car rempli de touristes d'une grande compagnie pour anglophone.
Avec de la chance il pourra nous montrer les coins sympa, sans la foule, sans être pressé...


La Vallée Sacrée

Et bien c'est raté!
Le lendemain matin c'est bien un bus qui nous attend avec une trentaine de personne dedans... Flo enrage et le fait savoir à la nana.
"Ah, mais si vous voulez quelque chose de privé, c'est possible mais ça coûte plus cher!".
On s'est fait entuber et en plus nous voilà partis comme des Gringos...
Flo est à la limite d'étrangler la bonne femme, moi je suis limite de me faire voler ma bourse, tout va bien, le car s'en va...

La suite du voyage navigue entre l'emerveillement et le dégout.
Emerveillement des sens face aux beautées d'une vallée mythique, berceau de l'expansion Inca.
Dégout devant les malversation d'une industrie touristique, ou le touriste devient une ressource a exploiter et les indigènes une attraction.

Un des meilleurs exemples reste la première halte du bus, une place aménagée pour la vente d'artisanat.
Les cars de touristes s'y arrêtent a tour de rôle. A côté une vieille en habit traditionnel travail sur un antique métiers a tisser.
Flo s'approche pour créer la discussion...
Elle: "Photo?"
Flo: "no, no!"
La tisseuse arrête directement son travail et tourne la tête.
Elle attendra l'arrivée de touristes plus zélés pour reprendre son "travail", pour une photo et quelques Soles...

photo de la si yen a ....

Nous visitons les deux sites qui, avec Cuzco, formaient le coeur de la civilisation perdue, Pisac et Ollantaytambo.
Visites chronométrées... mais qui resteront tout de même gravées dans nos mémoires. Les cités incas font honneur a leur réputation.

Les ruines de Pisac d'abord, perchée a flanc de montagne, au croisement de la Vallée Sacrée et du col de Cuzco. Ce qui marque tout de suite le visiteur, se sont les immenses terrasses qui barrent le paysage. Ces espaces cultivable, forment des lignes complexes et inalterables.
Petite surprise a la péruvienne cependant, l'entrée n'est pas comprise dans le "tour", coûte 45 sols et est obligatoire.


En haut, les temples, qui se distinguent pas la qualité des pierres, lisses, polies et parfaitement ajustée. La légende dit que l'on ne peut y passer pas même un aiguille. C'est en ces lieux dit-on qu'a eu lieu la dermière cérémonie Inca vu par des Blancs...


Le temple du soleil porte en son centre l'Intiwatana, la pierre sacrée base de l'astronomie Inca. Il est situé a 3500m, soit la même altitude des temples de Cuzco et Ollantaytambo... et a l'exacte même distance. Si bien que la position des trois pierres forme un triangle equilatéral parfait...
Un des nombreux prodiges d'une civilisation dont nous ne connaissons que le 10eme.

Mais trève de rêverie, il faut monter dans le bus qui nous attend a peine... direction Ollantaytambo.

Nous nous arretons pour manger... deuxième surprise, le repas est pas compris et coûte 50 bols... (12€, plus cher qu'une nuit d'hotel pour 2...). On s'est encore bien fait enfler, Flo est au bord de l'explosion.... nous payons, et reprenons le bus.
Entre temps, un commercial monte dans le car pur nous vendre des DVDs relatifs au sites visités...

Ollantaytambo donc, ville-citadelle dont la vue imprenable permettait la surveillance de la vallée. La visite se fait comme toujours, a bonne vitesse.

En haut 6 monolites de plusieurs tonnes chacun... hisé ici on ne sait comment par un peuple qui n'utilisait pas la roue...
En face dans la roche, on devine un visage, celui de l'Inca Pachacútec*.
Le jour du solstice d'hiver, la constelation du Puma apparait pour horné son front de ses septs étoiles...
A coté des greniers. Le vent venant directement du mont le plus proche s'engoufre entre les montagnes et crée un réfrigirateur naturel pour le stockage du grain.
Il a aussi pour effet de balayer le site de bas en haut, ce qui fait virvolter autour de nous les plantes au vent, le soleil tombe et eclair de sa lumière rouge les particules pour donner au site un aspect féerique...




La journée touche à sa fin.
Le groupe du Bus s'en va rejoindre le car et nous quitte enfin.
Nous apprecions le coucher de soleil sur les ruines qui sont maintenant quasiment vide en cette fin de journée. Les yeux plongeant dans la vallée, nous observons l'eternité.


Un gardien vient a notre rencontre, commente la situation stratégique de notre point de vue avec un français hésitant et étonnamment juste.
"Mais allons voir ce qu'il en est du temple, non? ."

Ainsi ce guide improvisé et, pour la première fois depuis un bon moment au Pérou, gratuit, nous fera découvrir nombreuses autres particularités du sites... Beaucoup d'explications que notre precédent guide "du tour" nous avaient présentées comme "mysterieuses et inconnues".

L'arrangement des pierres,
"On dit que les dannois ont inventé le LEGO mais c'est faux!",
comment elles étaient travaillées,
"regardez, mettez votre mains là, en dessous",
les sigles de la Trinité,
"Alors là c'est le signe du Puma, là du Condor, et là du Serpent, c'est la trilogie Inca, tiens, et y'a combien de pierres là?..."
...


Nous prendrons le train tard dans la nuit, pour rejoindre Aguas Caliente, dernière étape avant le mytique Macchu Picchu...


Le voyage réserve bien des surprises pour nos vaillants "globe trotters". Mais il leurs reste encore beaucoup a découvrir sur les merveilles de ce continent, et atteindre la citée sacrée de Macchu Picchu et les rives du légendaire lac Titi Caca. La suite de leurs zaventures dans:
Au Pays des Incas - III: De Pierres et d'Eau


*Cusco du quechua "Qusqu" qui signifie nombril. Les Incas pensaient que le nombril est le centre de toute vie, et Cuzco était pour eux l'ombilic du monde. Brusquement tirée de l'oubli par la découverte de Macchu Picchu en 1911, c'est aujourd'hui une véritable capitale touristique, point de départ de toutes les excursions vers la vallée sacrée et porte d'accès à l' Amazonie.

* Maté : au Pérou et Bolivie veut dire seulement infusion (de hyerba Luisa, camomille...). En Argentine, Chili, Brésil, Paraguay et Uruguay le Maté est une infusion de la Yerba Maté, boisson stimulante aux effets proche du café et du thé. Le Maté est aussi toute une institution : il se prépare selon un rituel traditionnel et c'est surtout l'occasion de se réunir et de partager ladite boisson entre amis/famille.

*Pachacútec: Petit rappel, les Incas étaient les castes dirigentes, la monarchie du coin. Et non pas le "peuple" comme on l'utilise abusivement (je dois bien faire la bourde 5/6 fois dans mon texte).

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Hé ben, ça fait rêver tout ça...!!
En dehors de ça, ce faire arnaquer, c'est une composante essentielle du voyage!
Vous devez avoir la tête bien remplie de belles images. Je vous enverrais bien une photo de Lyon sous la pluie, avec les cieux gris comme une chape de béton armé...
Profitez-bien les doudous :)

Marie Avril a dit…

wouahou!
ça fait vraiment rêver...merci en tous cas de nous faire partager tout ça!
la suite, la suite!!

plein de bisous!

Anonyme a dit…

encore encore!!!....ca donne pleins d'envies..
mais passer au travert des mailles du filet à touriste pas facile, ca n'enleve rien au rêve.profitez en.!
BIIZZZZZZ